Festivals de demain : quelles perspectives pour les organisateurs ?

Cet été 2020, la quasi-totalité des festivals n’a pas pu avoir lieu suite aux restrictions imposées aux rassemblements de plusieurs milliers de personnes depuis le début de la crise du Covid-19. Weezevent n’a cessé de recueillir de nombreux témoignages de la part des organisateurs d’événements et lancé un baromètre d’opinion avec l’IFOP — soutenu par le PRODISS et De Concert — pour connaître le ressenti des français face à la reprise des événements. 84% des festivaliers interrogés se déclarent d’ailleurs en manque de ce type d’événements et 100% d’entre eux comptent s’y rendre de nouveau à plus ou moins long terme.

Une questions persiste tout de même face aux différentes incertitudes planant autour des festivals : de quoi leur avenir est-il fait ? Dans cet article, nous livrons quelques pistes évoquées par les organisateurs afin de trouver ensemble des solutions pour organiser des festivals en adéquation avec les contextes d’aujourd’hui et de demain.

Sommaire

  1. Offrir des garanties sanitaires
  2. Viser l’équilibre financier
  3. Repenser les formats et les programmations
  4. Nourrir les consciences écologiques

1. Offrir des garanties sanitaires

“Il nous faut une réponse qui intègre le virus. Se contenter d’attendre c’est prendre le risque de reporter des réalités qui s’imposeront à nous plus tard. Aujourd’hui c’est le Covid-19, demain ça peut-être une autre épidémie.”  Yann Autret – Directeur des Petites Folies

La crise qui a entraîné l’annulation en cascade de tous les festivals d’été laissera des traces, autant chez ses organisateurs que chez ses festivaliers. Et puisque qu’il n’y aura pas de solution miracle pour stopper la propagation du virus — pas avant plusieurs mois, pas sans vaccin —, il appartient d’ores et déjà à tous les organisateurs de festivals de se préparer à une reprise en offrant des garanties sanitaires.

C’est ce que demandent les français, puisque notre étude en partenariat avec l’IFOP a révélé que les premiers critères pris en compte par les participants pour se rendre à nouveau sur des événements sont :

  1. Les mesures sanitaires prises par l’organisateur ;
  2. La configuration des lieux en plein-air ;
  3. La proximité physique avec les autres participants.

2. Viser l’équilibre financier

“[Concernant les cachets] je ne sais pas si les promesses du printemps résisteront aux réalités économiques de l’automne. Un pas a été fait vers nous. Est-ce que ça se confirmera dans l’avenir ?” Benoît Chastanet – Directeur du Festival Ecaussystème

Le Covid-19 est arrivé au mauvais moment pour les festivals français. C’est le constat mis en lumière par Emmanuel Négrier, chercheur au CNRS, dans le numéro 30 d’All Access Live. Selon lui, le risque économique était déjà trop élevé pour les festivals avant la crise, et pas forcément pour ceux que l’on croit. Il évoque plutôt, sans les citer, des festivals reconnus dans l’industrie musicale en France et en Europe qui admettent avoir désormais des budgets trop serrés pour prendre quelconque risque artistique. Notre invité estime alors que “si un festival ne peut plus prendre de risques artistiques, il est proche d’une crise mortelle.”

Ces budgets trop serrés sont selon lui dûs à une “augmentation des dépenses techniques, des dépenses de sécurité, et surtout à la spéculation dans le domaine des cachets artistiques”. Et pour cause, de nombreux festivals sont dépendants de leurs têtes d’affiches pour attirer un maximum de public. Ils s’adaptent donc tant bien que mal à cette hausse des coûts, car selon les cas, ils doivent atteindre un taux de remplissage minimum entre 80% et 95% pour parvenir à leur seuil de rentabilité.

Une piste alors évoquée plusieurs fois dans All Access Live serait pour les festivals de se rendre moins dépendants des têtes d’affiches en imaginant de nouveaux formats axés sur une ambiance globale de partage. En effet, certains festivals ont des fortes communautés de fans sur qui ils peuvent compter. Suite aux annulations, de nombreux festivals ont par exemple demandé une contribution financière à leurs participants (don du montant ou d’une partie du billet, collecte de fond, etc.). Ces actions ont régulièrement été marquées d’élans de solidarité des festivaliers. C’est aussi ce qui ressort de notre étude : 85% des français souhaitent maintenir ou augmenter leur budget alloué au divertissement.

Les festivalier répondront-ils donc toujours à l’appel des festivals si ces derniers décident d’accueillir moins de têtes d’affiches ? Ces premiers éléments, et ceux qui vont suivre, montrent que cela est fortement probable selon les situations.

3. Repenser les formats et les programmations

“L’augmentation des affluences dans les festivals ces dernières années marque un phénomène qui n’est ni culturel, ni économique, mais anthropologique. Il y a un lien entre la dématérialisation de la vie sociale en général et la nécessité de se retrouver ensemble pour partager un certain nombre d’émotions.” Emmanuel Négrier – Directeur de Recherche au CNRS (Spécialiste des Festivals)

Cette envie des publics de se retrouver pour communier dans un espace commun rejoint la piste évoquée dans le point précédent pour permettre aux festivals de viser des finances plus stables en changeant plus ou moins de modèle. Certains festivals prouvent d’ailleurs qu’il est possible d’avoir un modèle pérenne sans tout miser sur des têtes d’affiches.

Organiser des activités d’échange — ateliers, jeux, conférences… —, faire intervenir des commerçants et des restaurateurs locaux, ou encore inviter des enfants/ados de la région à se produire sur scène, sont des principes de plus en plus appliqués aujourd’hui dans les festivals. La logique est assez simple : faire profiter tous les acteurs locaux de ce moment privilégié — organisateurs, bénévoles, prestataires, populations locales, responsables publics, etc. C’est ainsi qu’une dynamique positive s’installe car ils y trouvent tous leur compte.

Il ressort par ailleurs de notre étude que seulement 13% des français sont prêts à payer pour participer à une version digitale d’un festival. Le besoin de partage est trop fort. Toutefois, ces grands rassemblements atteignent une limite : leur impact écologique. C’est pourquoi beaucoup de festivals font le choix d’intégrer des intentions écologiques au coeur même de leur événement, que cela touche à leurs formats ou non.

4. Nourrir les consciences écologiques

“On va créer notre propre énergie avec le fleuve qui passe à côté. A priori on va pouvoir créer suffisamment d’énergie à l’année pour pouvoir être autonome le temps d’un festival. C’est très excitant du point de vue de la transition écologique et du développement durable sur lesquels on travaille depuis le début.” Julien Sauvage, Directeur de Cabaret Vert

Créer sa propre énergie, développer des circuits-courts, animer des ateliers… toutes ces pratiques sont de plus en plus observées sur les festivals. Et cela coïncide généralement avec les pistes évoquées précédemment. En parallèle, nourrir les consciences écologiques des publics développe aussi bien leur envie et que leur besoin de partager des moments d’échange.

Dans All Access Live #16, les Petites Folies annonçaient d’ailleurs avoir signé la charte Drastic on Plastic, un dispositif d’accompagnement destiné aux festivals français et européens, qui ont pour objectif commun de supprimer leur utilisation des plastiques à usage unique. Cette démarche collective signée par un grand nombre de festivals vise à mettre en commun des pratiques à l’échelle nationale. Et ce n’est qu’une infime partie de tout le travail réalisé chaque année par les organisateurs, les bénévoles, et tous les acteurs du paysage festivalier français et européen.

Les 4 points de cet article sont des pistes à explorer pour réinventer dès maintenant des festivals qui ont fait rêver 7 ,5 millions de personnes en 2019 selon le site Tous les festivals. Il en existe évidemment d’autres et elles doivent être adaptées dans une démarche globale car elles sont plus ou moins dépendantes les unes des autres.

Une chose est sûr, les festivals se réinventent en permanence, ce qui a bien été résumé par Carol Meyer, Directrice de Art Rock, dans l’épisode 4 de All Access live : “Il y a une force dans ce secteur. Organiser un festival c’est vraiment dur, donc on arrivera à se relever. On sait gérer des crises, des tempêtes, des annulations d’artistes, des déficits…”.

Weezevent, depuis ses débuts en 2009, a toujours participé à l’évolution des événements et il n’y a aucune raison pour que cela change. Nous gardons toujours une oreille attentive à ce que les organisateurs nous confient pour leur fournir des solutions adaptées à leurs attentes. Contactez-nous pour échanger sur vos différents besoin avant la reprise de vos événements :

Nous écrire

Articles Recommandés

Vous êtes désormais abonné(e) à nos newsletters !