Comment la technologie répond aux enjeux de sécurité des événements ?

La technologie peut aider les organisateurs d’événements à trouver des solutions aux différents enjeux sécuritaires. Ces derniers, mis en lumière depuis quelques années, existent pourtant depuis toujours. Contrôle des accès et fouilles, mouvements de foule, risque terroriste, agressions sexuelles et phénomènes météorologiques… comment la technologie peut permettre de mieux anticiper les risques et de traiter les incidents le plus efficacement possible ?

Voici quelques pistes de réflexion, évoquées notamment lors d’un atelier animé par Weezevent au MaMA Festival, en compagnie de Jérôme Tréhorel — directeur des Vieilles Charrues —, et Pascal Viot — responsable sécurité au Paléo Festival, consultant sécurité auprès de festivals européens, et enseignant-chercheur à l’école polytechnique de Lausanne.

Sommaire

  1. Gérer des foules de spectateurs
  2. Traiter les incidents : incivilités, infractions, délits
  3. Anticiper les nouveaux risques

1. Gérer des foules de spectateurs

Accueil et sécurité, même combat

L’accueil du public est un enjeu réel pour un événement, et notamment pour son organisateur car il y engage sa responsabilité civile et pénale. Cela nécessite donc de mettre en place des moyens humains et technologiques pour que tout se déroule comme prévu, et de mieux en mieux au fil des années. La sûreté et la sécurité sont évidemment au coeur de cette problématique, mais l’accueil du public l’est tout autant.

Au Paléo Festival, le département s’intitule d’ailleurs Accueil et Sécurité. Son rôle est de suivre un fil entre l’optimisation de l’expérience du festivalier jusqu’à la gestion d’urgence et de sûreté. Ses membres se mettent régulièrement à la place des festivaliers afin de comprendre leur parcours au sein du festival — le parcours “utilisateur”—, leurs mouvements et expériences, leurs besoins d’informations et d’explications en lien avec le contrôle et la sécurité, etc.

Gérer des foules revient à gérer des flux et des densités de personnes qui vont passer un processus de contrôle et parfois d’attente. Elles doivent comprendre pourquoi tout ceci est nécessaire afin de ne pas le subir. La sécurité accompagne le parcours du participant sans les heurter psychologiquement et physiquement, et garantit la meilleure expérience promise par l’événement.

Que font les outils technologiques ?

Des dispositifs doivent être mis en place pour observer ce qu’il se passe pendant l’événement, à partir du moment où les participants entrent jusqu’à la fin des concerts. Les équipes de sécurité doivent avoir des yeux partout pour anticiper si possible, ou du moins agir et bien réagir.

La densité devant les scènes est un point de vigilance car une foule génère un certain nombre de risques. La technologie intervient à ce moment-là pour voir des choses qu’une personne ne peut pas voir sans cet outil. Des caméras permettent de zoomer dans la foule pour repérer des personnes qui pourraient tomber. Cela va aider à prendre une décision comme l’arrêt provisoire d’un concert, ou définitif si cela le nécessite.

Les moyens technologiques aident à mieux voir ou à mieux prendre des décisions. Si un événement a bien été anticipé en interne, mais aussi avec l’ensemble des services de l’Etat — sur la périphérie de l’événement pour la circulation par exemple —, il est beaucoup plus facile de réagir lorsqu’une situation problématique arrive. Mais encore faut-il prévoir une procédure adaptée à chaque situation. Si les équipes de sécurité n’ont pas prévu leurs (ré)actions face à une situation donnée, la technologie va les aider à la détecter mais pas à la traiter.

Le cas : l’ajout d’entrées aux Vieilles Charrues 2016

La majorité des événements ne possède qu’une entrée pour ses participants. Aux Vieilles Charrues, cela signifie que 30 000 personnes peuvent affluer au même endroit à un horaire plus ou moins prévisible, et cela peut devenir ingérable. La première expérience physique du festivalier sera alors de faire la queue de longues minutes avant d’entrer. Ce n’est satisfaisant pour personne.

Au même titre qu’un stade, Les Vieilles Charrues ont donc choisi d’ajouter des d’entrées pour que chacune fasse entrer moins de festivaliers, mais avec plus de facilité. Cela a permis de fluidifier les entrées et de mieux contrôler les accès, et par conséquent d’améliorer l’expérience des participants.

Imaginer les nouveaux parcours et convaincre les festivaliers de se rendre à ces nouvelles entrées ne s’est pas fait du jour au lendemain. Pour y parvenir, un travail a été nécessaire en amont afin de s’adresser aux bons interlocuteurs et de préparer le jour J pour que tout se déroule comme prévu.

Les outils technologiques de mesure sont alors des innovations importantes pour prendre les bonnes décisions. Ils produisent une certaine quantité d’informations que l’organisateur n’aurait pas pu obtenir autrement, mais il faut ensuite tout de même utiliser ces données à bon escient. Dans ce cas, l’analyse du nombre de personnes entrant par chaque porte peut aider à modifier la signalétique et rediriger vers les entrées les moins utilisées. C’est ainsi que le nombre de passage par entrée est rééquilibré.

Dans une toute autre situation, un portique de sécurité peut détecter un objet interdit plus rapidement qu’un agent de fouille. Et ensuite… quelle action est effectuée une fois que le portique clignote et sonne ? S’il indique un risque immédiat, quel protocole est déclenché ? La technologie est un outil au service d’une démarche pensée de A à Z. Il génère une information brute et inutile, sauf si les bonnes procédures sont mises en pratique pour la traiter de façon pragmatique.

2. Traiter les incidents : incivilités, infractions, délits

Des outils de détection pour des procédures globales

Parmi les nombreux dispositifs de sécurité, des opérateurs utilisent des caméras pour identifier de potentiels incidents, notamment des personnes en détresse dans une foule dense. Cependant, une fois qu’ils repèrent et signalent un incident, quelle procédure doit être appliquée ? Si une organisation reste dans la constatation sans avoir préparé les conditions pour traiter l’incident, cela devient un vrai problème.

Concrètement, par exemple, qui décide d’arrêter un concert ? Comment communique-t-on avec l’artiste — et pas seulement au moment de l’incident ? Mieux vaut l’informer avant son concert des conditions d’arrêt en fonction des risques identifiés en amont. Les publics de Stromae ou de NTM sont sujets aux incidents pour des raisons différentes et jamais à cause de comportements hostiles. Les foules bougent plus ou moins et génèrent de la compression plus ou moins forte. Il faut pouvoir inclure l’artiste et son management dans un processus de décision en les informant des outils mis en place pour la détection des risques. Il doit être en accord avec l’organisateur au service de la sécurité de son public.

Côté organisateur, des réunions préparatoires sont nécessaires pour répartir les agents de sécurité d’un concert à l’autre en fonction du public attendu : nombre de spectateurs, âge moyen, mouvements typiques — pogos, wall of death, etc. Il s’agit d’accompagner et de préparer les conditions pour que le concert se déroule comme prévu, avec une couche de vigilance et de prévention. C’est l’équivalent de la préparation des sportifs extrêmes. En amont, il est également important de tester les technologies utilisées. Parfois, elles ne conviendront pas à l’organisateur car il n’est pas toujours possible de relier une technologie à une procédure concrète.

Que faire des données générées ?

Les équipes d’un événement peuvent désormais emmagasiner une quantité d’informations astronomique, mais elles doivent être capables de les analyser pour en tirer des conclusions pertinentes. Pour cela, Elles peuvent par exemple scanner les bracelets cashless des personnes qui passent par le poste de secours, afin de savoir si le nombre de blessés est plus élevé dans certaines zones, après certains concerts, etc. Il est ainsi possible d’adapter le nombre de secouristes à certains postes, etc.

C’est ainsi que Les Vieilles Charrues ont pu comptabiliser de nombreuses blessures dans une zone du festival où le terrain s’est révélé trop dangereux. Sans ces données, la prise de conscience aurait bien eu lieu, mais elle aurait peut-être pris un an ou deux — via des témoignages par exemple. Ainsi, les outils permettent une meilleure lecture des phénomènes observés.

Le cas : Stromae aux Vieilles Charrues 2014

Au moment de l’événement, il est impossible d’inventer une procédure de sécurité. Avant d’accueillir Stromae, les équipes des Vieilles Charrues sont donc allées voir ses concerts pour identifier son public et sa façon de bouger et réagir. Elles ont observé un nombre très important d’enfants dans la foule et ont jugé cela dangereux. Elles ont alors mis en place un parcours en ligne obligatoire pour savoir combien d’enfants viendraient le jour où Stromae se produit aux Vieilles Charrues. Le nombre de tickets enfants a été limité et une zone spéciale a été créée pour son concert afin que 10 000* enfants ne se retrouvent pas dans la foule grand public.

*Estimation du festival pour un public de 70 000 participants/jour si une limite du nombre de tickets enfants n’avaient pas été appliquée.

3. Anticiper les nouveaux risques

Une veille active et globale

Les enjeux de sécurité ne se traitent pas du jour au lendemain et tout mettre en place en une seule opération est impossible. Il faut une mobilisation générale et pérenne de l’ensemble des équipes. Echanger régulièrement avec les services de l’Etat permet également d’anticiper de nombreuses situations. D’autant plus que dans certains cas, ce sont eux qui prennent la main sur les décisions relatives à l’événement : annulation, report, etc.

En parallèle, dans le cadre d’une veille active, il faut pouvoir identifier les risques sécuritaires émergents chaque année — sans négliger les autres. Ils s’actualisent tous les ans en fonction des évolutions des comportements. Par le passé, beaucoup d’accidents avaient lieu devant les scènes, avec de nombreux blessés et parfois même des décès. Après s’être saisis du sujet, les organisateurs d’événements ont ensuite dû travailler sur le risque météorologique à la suite de plusieurs catastrophes et accidents regrettables.

Autour de 2015, le risque terroriste a fait irruption de manière violente. Il ne doit cependant pas effacer les autres enjeux. Aujourd’hui, les organisateurs d’événements doivent être assez mûrs pour normer la gestion de ce risque, en collaborant notamment avec les services de l’Etat pour repenser les dispositifs de sécurité. Il faut aussi rassurer les participants qui ont tendance à s’inquiéter.

Les nouveaux risques à traiter

D’autres problématiques sont aujourd’hui au coeur des préoccupations, notamment les agressions sexuelles. Le travail d’un événement est prendre conscience des problématiques sécuritaires et de créer des procédures afin d’anticiper et traiter les risques qui y sont liés. C’est ce qu’on appelle une démarche de risk-management.

À l’avenir, et c’est déjà le cas, les canicules forment un risque prévisible et évident, mais certains événements ne sont pas encore prêts à les affronter. Idem pour les pannes électriques. Si elles arrivent sur un site entier, comment l’organisation communique-t-elle avec la foule ? Comment mettre en place un plan de continuité d’activité — pour que l’événement continue à fonctionner même en situation de désastre ou de crise majeure ?

Vous savez désormais comment les outils facilitant l’accueil et la sécurité d’un événement doivent être intégrés à des procédures globales. Notre solution de contrôle d’accès et ses multiples fonctionnalités en font partie. Cliquez sur le bouton ci-dessous pour les découvrir :

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