La scène des festivals en Europe traverse une période de profonde transformation. Si les deux années postpandémiques ont marqué un retour massif des festivaliers, l’écosystème reste sous pression, entre les incertitudes économiques, l’érosion des subventions publiques et les attentes grandissantes d’un public toujours plus exigeant. Les aides du gouvernement peinent à compenser des pertes structurelles importantes et des hausses de coûts, au détriment de nombreux acteurs qui ont dû repenser leur modèle, voire être contraints de cesser leur activité¹. Ces défis appellent à des solutions innovantes pour conjuguer viabilité économique, satisfaction des festivaliers et durabilité.
Dans ce contexte complexe, ce baromètre 2024 offre un éclairage sur ces mutations à travers l’analyse de données et des bonnes pratiques récoltées auprès des événements partenaires de Weezevent. La tarification des billets, les tendances des offres de F&B, la composition du panier moyen, et le rapport des festivaliers au cashless : autant de sujets au cœur des préoccupations que nous explorons à travers des analyses chiffrées.
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Sommaire
Périmètre du baromètre
En 2024, Weezevent a collaboré avec 700 événements d’envergure dans 15 pays, attirant plus de 20 millions de participants.
Notre étude présente une analyse comparative des données recueillies, provenant d’événements européens. Ces données ont été collectées grâce à la suite d’outils développés par Weezevent, incluant WeezPay pour les paiements cashless, WeezTicket pour la billetterie, et WeezAccess pour le contrôle d’accès.
Pour la cohérence et la comparabilité des données, toutes les devises ont été converties en euros, en se basant sur le taux de change moyen observé du 1er juillet au 31 août. Les prix sont affichés toutes taxes comprises.
Offres de billetterie
Pour assurer la viabilité d’un festival, il peut être nécessaire de repenser son offre de billetterie. On note ainsi que le prix moyen d’un billet standard a augmenté de 8%, passant de 45€ en 2023 à 48€. Depuis 2022, alors que le prix moyen était de 42€, les billets ont augmenté de 14%.
Dans l’optique de faire face à l’augmentation des coûts de production, sans compromettre l’accessibilité à la culture, de nombreux événements ont mis en place une stratégie de billetterie “business class”. Il s’agit de mettre en place des offres premium pour cibler un nouveau public et créer de nouvelles sources de revenus, tout en maintenant un prix d’appel abordable. Ainsi, on a pu observer dans un festival allemand (25 000 personnes / jour) la création d’une nouvelle offre pour répondre aux besoins d’une clientèle plus exigeante, avec parking, coupe-file, offre F&B premium, zone de détente… Sans pour autant se faire au détriment de l’offre grand public, pour qui le billet standard restait presque 2x moins cher que le premium.
Le bilan 2024 des festivals, réalisé par le SMA, souligne que la tendance est plus que jamais à la réservation de billet “dernière minute”. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène : premièrement, le pouvoir d’achat des Européens diminue, et il est plus difficile pour certains individus d’engager une dépense importante dès l’ouverture de la billetterie. Par ailleurs, les conditions météorologiques estivales défavorables dans plusieurs régions (tempêtes, inondations) ont rendu plus incertaine la planification d’une participation à un événement en extérieur, freinant les achats anticipés.
Prix et consommation observés au bar
Les bars des festivals sont bien plus que des points de rafraîchissement : ils reflètent les tendances de consommation et les attentes des festivaliers. Dans notre étude, nous distinguons les bières standards, les plus couramment vendues et accessibles, et les bières premiums, valorisées pour leur caractère unique ou leur qualité supérieure.
En Europe, le prix moyen pour une bière standard de 50 cl a augmenté de 8% par rapport à 2023, atteignant 7,13€. L’évolution du prix moyen d’une bière premium de 50 cl suit une tendance à la hausse moins forte, avec une augmentation de +3% pour atteindre 8,34€ en 2024.
Sur l’ensemble des boissons proposées, la bière représente 68% des ventes. Si cette part reste majeure, elle montre l’intérêt des participants dans des produits différents, comme l’alcool fort et les cocktails (9% des ventes) ou encore le vin (15% des ventes).
Le prix moyen des boissons non alcoolisées (soft) de 33 cl est de 3,40€, en augmentation de 3% par rapport à l’an dernier. Ces dernières représentent 8% du total des ventes au bar, eau et sodas inclus.
Cette évolution des préférences au bar reflète une demande plus variée des festivaliers, qui ne se contentent plus des options classiques. Ils cherchent une offre qui enrichit leur expérience sur place tout en restant accessible. Cela pousse les organisateurs à affiner leur gamme pour répondre à ces attentes sans complexifier la logistique, tout en explorant de nouvelles opportunités pour renforcer la satisfaction et les revenus.
Composition et évolution du panier moyen
L’analyse du panier moyen quotidien des festivaliers se base sur les recettes issues de plusieurs sources telles que les billetteries, les bars, la restauration, et autres activités (merchandising, ecocups, activités annexes, frais d’activation, etc.). Cette analyse multidimensionnelle révèle des tendances dans les habitudes de consommation des festivaliers.
Le panier moyen quotidien par festivalier s’établit à 81€, enregistrant une hausse globale de 6% par rapport à 2023. Cette augmentation est répartie comme suit :
- Prix des billets : 48€, en hausse de 7%,
- Dépenses au bar : 18,41€, en hausse de 4%,
- Restauration : 9,74€, en hausse de 5%,
- Divers et Merch : 4,37€, en hausse de 9%.
La répartition des dépenses montre une prépondérance du poste billetterie, qui représente près de 60% du panier moyen, mais les dépenses annexes (bars, restauration, merchandising) forment ensemble un levier significatif (41%) à ne pas négliger.
Renforcer l’offre de restauration végétale
Les données récoltées montrent une augmentation notable de la demande pour des options végétariennes et végétaliennes parmi les festivaliers. En 2024, 11% des plats consommés sur les festivals analysés étaient végétariens (6%) ou véganes (5%).
Cette tendance reflète un changement de comportement alimentaire, où une partie significative du public privilégie des alternatives plus durables et respectueuses de l’environnement. Il est ainsi intéressant de développer une offre végétale pour répondre à cette demande.
Optimiser l’expérience bar et restauration
Avec 35% du panier moyen consacré aux boissons et à la nourriture, ces postes représentent un levier majeur pour les revenus des festivals. Fluidifier les achats aux points de vente est essentiel pour maximiser les revenus tout en améliorant l’expérience des festivaliers. Pour limiter l’attente aux points de vente, plusieurs solutions sont à explorer.
Le système cashless, déjà adopté par 80% des grands festivals français de musiques actuelles, permet de réduire l’attente au bar de 30%. Éliminer l’échange de monnaie physique accélère significativement les transactions en supprimant les temps de calcul, de rendu de monnaie et en limitant les erreurs de caisse. Par ailleurs, le cashless surpasse le paiement par carte grâce à l’absence d’étapes comme “l’appel banque” qui exige une connexion internet fiable et introduit des délais supplémentaires, particulièrement problématiques dans des environnements où la bande passante est sujet à saturation.
L’amélioration organisationnelle d’un point de vente joue un rôle clé dans sa bonne marche. On estime que 80% de la fluidité des ventes repose sur un agencement optimisé, avec une zone de travail dédiée, positionné à 1,5 mètre derrière les serveurs. Aussi, l’intégration de rack identifiables par type de produit accélère de façon significative le service.
10% de la fluidité des ventes repose sur une offre rationalisée. Il est question de réduire sa gamme de produit et de standardiser les typologies de contenants pour minimiser le temps de manipulation. Il convient de mettre en avant certains produits stratégiques via une signalétique claire pour guider rapidement le choix des festivaliers.
10% de la fluidité des ventes dépend de l’organisation de l’équipe, avec des rôles distincts entre serveurs, préparateurs et approvisionneurs. L’organisation de créneaux échelonnés dans les shifts permet de maintenir la motivation et l’efficacité tout au long de l’événement.
Capitaliser sur le merchandising et les activités annexes
Bien que représentant seulement 6% du panier moyen (4,37€), le merchandising et les activités annexes connaissent la plus forte croissance en 2024 (+9%), mettant en lumière leur potentiel.
Proposer des produits exclusifs ou personnalisables (objets collectors, collaborations artistiques) et des activités payantes (ateliers, rencontres avec les artistes, accès à une zone premium) enrichit l’expérience et génère des revenus supplémentaires. Le cross-selling dès la billetterie, avec des offres spéciales ou des réductions pour les achats anticipés, peut booster ces ventes, en incitant les festivaliers à acheter en amont et à vivre une expérience plus complète.
Les pratiques liées au paiement cashless
Comprendre les choix des festivaliers en matière de rechargement de leur compte cashless permet aux organisateurs d’événements d’ajuster leurs solutions de paiement. Ces données sont essentielles pour répondre aux évolutions des comportements des participants et améliorer leur expérience globale.
Le rechargement en ligne : un standard établi
En 2024, la tendance du rechargement en ligne se confirme comme le choix privilégié des festivaliers. 74% des rechargements sont effectués en ligne, en hausse de 4 points par rapport à 2023). Cette évolution s’inscrit dans une recherche constante de fluidité et de simplicité, permettant aux participants de recharger leur compte à l’avance, d’éviter les files d’attente et de profiter pleinement de l’événement.
Parmi les méthodes de rechargement en ligne, on observe une transition vers des solutions plus rapides et intuitives. Cette année, 39% des rechargements en ligne ont été faits via “fast top-up”, contre 35% en 2023. Cette méthode, qui permet de recharger son support cashless via un QR code apposé dessus, sans création de compte, séduit par sa simplicité et son efficacité.
La tendance montre que les rechargements effectués via le site internet des festivals, en baisse à 33% contre 40% en 2023, se déplacent progressivement vers les applications mobiles des festivals, qui connaissent une légère hausse, passant de 25% à 28%.
Dans un festival suisse majeur (25 000 festivaliers/jour), 100% des paiements sont désormais effectués en ligne, dont 50% via « fast top-up ». Ce modèle permet des économies grâce à la réduction des frais d’infrastructure et libère de l’espace sur site pour le réaffecter à d’autres emplois.
L’étape suivante pour les organisateurs est de maximiser les rechargements avant l’événement. En encourageant les festivaliers à précharger leurs comptes, ils sécurisent des revenus et améliorent la gestion de leur trésorerie. Cela favorise également une consommation plus fluide pendant l’événement : les festivaliers, ayant déjà crédité leur bracelet avant le festival peuvent ainsi profiter d’une expérience sans interruption, ce qui tend à encourager une consommation plus forte.
Une confiance confirmée dans la technologie cashless
L’analyse de la fréquence des rechargements montre que la majorité (79%) des festivaliers recharge leur compte moins de deux fois pendant l’événement, et presque la moitié (48%) ne le fait qu’une seule fois.
La proportion de festivaliers procédant à trois rechargements ou plus diminue à 21% en 2024, contre 28% en 2023.
La tendance est donc clairement à une gestion de compte plus proactive dès le départ, et les festivaliers semblent préférer créditer des montants plus importants. Ce comportement est également soutenu par la possibilité d’être remboursé du solde non utilisé, une option qui rassure les participants sur la gestion de leurs fonds.
Le reliquat cashless post-événement
Le reliquat cashless post-événement représente une part importante du chiffre d’affaires, oscillant entre 40% et 50% du CA HT du bar. Ce montant peut être vu comme un prêt à consommer que le festival n’a pas su exploiter à son plein potentiel. En effet, le solde restant sur les comptes cashless après l’événement représente une occasion manquée pour maximiser les revenus.
L’étape de la demande de remboursement offre une dernière opportunité d’engager les festivaliers. Plutôt que de laisser cet argent se dissiper, les organisateurs peuvent proposer plusieurs solutions créatives : offrir un bon d’achat pour la billetterie de l’édition N+1 avec des ventes privées ou un e-shop d’articles exclusifs et souvenirs du festival. Une autre option est de proposer une donation à des associations partenaires ou de permettre une compensation carbone, transformant ainsi un reliquat en un acte positif.
Conclusion
L’année 2024 marque un tournant pour les festivals européens, contraints d’innover face à des défis économiques, sociaux et environnementaux. Les organisateurs adaptent leurs modèles, combinant billetterie segmentée et montée en gamme des services pour diversifier les revenus tout en maintenant l’accessibilité.
Le cashless, désormais généralisé, renforce l’efficacité opérationnelle et améliore l’expérience des festivaliers, tout en ouvrant de nouvelles opportunités économiques. Parallèlement, la demande pour une offre alimentaire végétale et responsable continue de croître, reflétant une évolution durable des attentes du public.
Malgré les tensions économiques, les festivals montrent une capacité d’adaptation remarquable, alliant innovation, durabilité et satisfaction des participants.
Il est important de noter que ces analyses sont basées sur des données spécifiques et peuvent ne pas être universellement applicables à tous les contextes ou événements. Elles devraient être considérées comme un point de départ pour une compréhension plus approfondie et une prise de décision informée.
La récolte et l’analyse minutieuse des données de votre propre événement permettent d’évaluer dans quelle mesure ces résultats se vérifient pour votre audience précise. Vous pouvez, par exemple, explorer en détail les données collectées sur votre compte Weezevent à travers les outils de billetterie, de contrôle d’accès, de cashless ou d’e-mailing mis à votre disposition.
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Sources
¹Centre national de la musique. Le Centre national de la musique dresse un bilan anticipé des festivals en 2024 en partenariat avec le ministère de la Culture. 2024, https://cnm.fr/communiques/le-centre-national-de-la-musique-dresse-un-bilan-anticipe-des-festivals-en-2024-en-partenariat-avec-le-ministere-de-la-culture/.