Au-delà des convictions personnelles, avant de se lancer dans un projet cashless, il convient d’en mesurer l’opportunité. Utiliser une méthode d’analyse coût-avantage a le mérite de rationaliser les impacts d’un projet avant une prise de décision, mais également d’évaluer les résultats obtenus, et ainsi vérifier si les objectifs préalablement fixés ont été atteints. Vous l’aurez compris, faire cet exercice avant de se lancer paraît essentiel, le refaire à posteriori et année après année s’avère aussi très instructif.
Chaque sujet cashless est singulier, toutefois nous avons identifié une série d’éléments récurrents impactés par la mise en place d’un tel dispositif. Il appartient à chaque promoteur de les évaluer à la lumière des caractéristiques de son événement. Certains indicateurs sont chiffrables comme l’augmentation du panier moyen, d’autres moins comme la satisfaction du public.
Nous avons fait l’exercice aux regards des informations collectées sur plus de 200 événements ces trois dernières saisons.
Cette analyse laisse apparaître un coefficient de rentabilité compris entre x1,5 et x3.
LES COÛTS
Nous avons identifié trois principaux postes de charges pour lesquels nous pouvons réaliser un chiffrage. Nous avons par ailleurs listé les coûts indirects à prendre en compte selon la configuration de votre organisation.
#1. SOLUTION TECHNIQUE
En moyenne, cela représente 5% du chiffre d’affaires sur site.
Le coût de la solution inclut le logiciel, la gestion de projet, la location de matériel, l’équipe terrain, etc.
#2. SUPPORT NFC
En moyenne, un support NFC coûte de 0,40 € à 1 € (selon le volume et le type de support). Le choix du type de support appartient à l’organisation (sujet que nous aborderons plus tard sur ce blog) . La carte RFID demeure néanmoins la moins onéreuse, surtout si les quantités à commander sont limitées. Généralement, il faut prévoir de commander des supports NFC pour équiper 60% du public. Opter pour le bracelet permet de mutualiser le cashless avec le contrôle des accès en délivrant un support unique par participant.
#3. COÛTS INDIRECTS
Certains coûts indirects sont également à prendre en compte pour une analyse exhaustive :
- Frais bancaires (encaissement/remboursement) : Très fortement corrélés à la part de rechargement en ligne, ils se substituent toutefois en grande partie aux frais bancaires des TPE (Terminal de Paiement Electronique) sur place.
- Coût du dispositif banques sur site : Si l’organisation n’était pas dans un dispositif jetons auparavant, c’est un nouveau coût humain et logistique à prendre en compte. Ce coût est inversement proportionnel à la part de rechargement sur Internet (en amont, et pendant l’événement). Certains organisateurs parviennent à dépasser les 60% de chargement en ligne ce qui tend à réduire d’autant les coûts liés au déploiement de point de rechargements physiques.
- Coût du déploiement d’une couverture réseau : Avoir un réseau Internet sur l’ensemble du site est opportun, notamment pour pouvoir suivre en temps réel l’activité, et surtout maintenir les rechargements en ligne tout au long de l’événement. Ce coût peut dès lors être perçu comme un investissement qui permet une hausse des chargements en ligne et donc une plus grande fluidité du cashless sur site.
LES AVANTAGES
Nous avons identifié quatre principaux avantages pour lesquels nous pouvons réaliser un chiffrage cohérent/constaté. Nous avons par ailleurs listé les avantages indirects qu’il serait intéressant de prendre en compte pour étoffer l’analyse.
#1. AUGMENTATION DU CHIFFRE D’AFFAIRES
En moyenne, on constate une augmentation de 5% du chiffre d’affaires.
Le cashless réunit des conditions favorables à la consommation : chargement en ligne (moins de passages aux banques), réduction du temps de commande (transaction immédiate, plus de calcul mental pour les serveurs), moins de fraude… De façon conservatrice, nous avons retenu un taux de 5%. Toutefois, certains festivals annoncent une augmentation de leur panier moyen journalier allant au-delà des 20%.
Cette donnée reste difficile à chiffrer au vu du nombre de facteurs exogènes d’une année sur l’autre : météo, programmation, variation des prix, etc.
#2. SOLDE RESTANT
En moyenne, il représente 6% du chiffre d’affaires, soit 2 €/participant
Contrairement à la majorité des dispositifs jetons, le cashless permet le remboursement du solde non consommé, ce qui est un véritable confort pour les participants, qui de fait, calculent moins avant de recharger. A la fermeture des portes cette somme peut représenter jusqu’à 25% du chiffre d’affaires réalisé ; et à l’issue de la période de remboursement il se situe en moyenne à hauteur de 6% puisque certains utilisateurs ne font pas la démarche de demander leur remboursement ou choisissent d’en faire don à l’organisateur pour l’aider à développer l’événement. A noter que ce pourcentage est trois fois plus élevé que dans un dispositif jetons, où faute de remboursement, l’acte d’achat des crédits est davantage anticipé et calculé.
#3. POLITIQUE DE FRAIS
En moyenne, cela représente 2% du chiffre d’affaires.
Au-delà de ces avantages indéniables, l’organisation a la possibilité d’appliquer une politique de frais à destination du public afin de participer au financement du dispositif, au même titre que la caution des gobelets/Ecocup par exemple. Dans les faits, 90% des événements appliquent des frais de vente du support ou d’activation de compte. Généralement ces frais sont de 1 €.
#4. AVANTAGES INDIRECTS
Liste des avantages indirects ou externalités positives pour une analyse exhaustive :
- – Baisse de la fraude : C’est l’un des gains financiers indirects liés à la mise en place d’un dispositif cashless, l’argent liquide est davantage sécurisé, limitant ainsi les pertes et/ou vols. Exemple de scénario malveillant : rendu monnaie/jetons volontairement plus élevé avec l’aide d’un complice parmi les spectateurs. À cela s’ajoute la sécurisation du cash : un seul lieu à protéger sur l’événement et un suivi individualisé des opérations d’encaissement.
- Baisse du coulage : Les organisations indiquent obtenir un meilleur ratio de perte/achat, de façon conservatrice nous avons ici indiqué un impact de 1% sur le CA. Ce phénomène s’explique en partie par une responsabilisation de chaque barman, désormais obligé de saisir chaque commande dans un système de type caisse enregistreuse. Certains événements laissent la possibilité aux barmans d’offrir des boissons à discrétion en passant leur carte vendeur. Bilan : les mauvaises habitudes se marginalisent.
- L’adossement de partenaires sur ce nouveau support : Le support offre un nouvel emplacement à commercialiser. Par ailleurs, le cashless fortement lié au moyen de paiement alternatif et novateur attire des partenaires bancaires historiques, ou des opérateurs plus disruptifs (PayPal, PayLib, LyfPay, etc) mais aussi les opérateurs téléphoniques, les marques dites “millennials” (Deezer, Spotify, Blablacar, …) sont davantage intéressées par des opérations d’activation de marque.
- Souplesse de la politique tarifaire : Possibilité d’augmenter un prix de 0,10€ par exemple pour suivre une hausse à l’achat . La problématique de rendu monnaie disparaît.
- Création d’une base de contacts qualifiés : En embarquant son public dans son système de paiement, l’organisation collecte des informations de contacts (mail, téléphone, etc.) permettant des prises de paroles ultérieures et individualisées.En devenant utilisateur de sa solution cashless, l’organisateur peut désormais entrer en contact avec lui.
Enrichissement du catalogue d’offres partenaires avec des nouvelles possibilités d’activation en amont sur place et post événement : Le cashless est le service individuel le plus utilisé de l’événement avec jusqu’à 70% d’utilisateurs, mais il reste à ce jour sous exploité pour des prises de parole de l’organisateur ou de ses partenaires. L’application mobile de l’événement touche par exemple moins de personnes. - Neutralisation de certains coûts historiques : Certains frais sont intégrés au dispositif cashless dont les frais bancaires en ligne en substitution des frais TPE sur place, ou encore le passage en NFC de la commande historique de bracelets. Les frais de sécurité diminuent avec un besoin de convoyeur parfois divisé par 10.