Les sénateurs ont tenté d’interdire la revente spéculative de billets de concert, en forte hausse avec Internet. Mais le Conseil constitutionnel a censuré l’amendement. Le ministère de la Culture promet d’agir.
Les premières victimes sont les consommateurs, dénoncent les artistes comme les acteurs du secteur, qui commencent à s’impatienter du silence des pouvoirs publics. Les particuliers qui s’adonnent à la revente spéculative ne sont pas les plus incriminés. Ceux qui sont montrés du doigt sont les sites devenus de vrais spécialistes de l’achat massif de places de concert pour, une fois les ventes officielles terminées, mieux les revendre 3 à 4 fois plus cher. « Ils assèchent le marché, les fans sont furieux et s’en prennent aux artistes et aux organisateurs », dénonce un professionnel.
Législation « obsolète »
Un avis partagé par Bertrand Gstalder, président de France Billet, la filiale de billetterie de la Fnac et leader du secteur, pour qui « la spéculation n’a que des incidences négatives, et notamment des effets inflationnistes sur le prix du billet ». Même si la Fnac « n’est pas touchée par ce second marché », cela ne l’empêche pas de trouver la législation qui date de 1919 « obsolète », déplore Bertrand Gstalder.
Reste qu’il n’existe aucune statistique sur les ventes spéculatives. En France, près de 180 millions de billets de concerts, spectacles, foires, sport et autres festivals sont vendus chaque année, dont près de 20 millions achetés en ligne. Quelque 15 millions sont des billets de concerts, et 3 % à 5 % (environ 750.000 tickets) ne sont pas utilisés, souvent pour des raisons de dernière minute.
Pourtant en janvier dernier, dans le cadre de la loi Loppsi 2, les parlementaires avaient adopté un amendement interdisant tout simplement la revente de places de spectacles sur Internet à un prix supérieur au prix de vente initial, sous peine de 15.000 euros d’amende. Cela malgré l’opposition du ministère de la Culture, qui estimait que la loi Loppsi 2 n’était pas le cadre approprié. Tandis que les socialistes jugeaient une telle sanction « disproportionnée » et « portant atteinte à la liberté d’entreprendre ». Un argument qui a convaincu le Conseil constitutionnel, qui a censuré l’amendement. Du côté du ministère, on affirme se pencher sur le problème. Un porte-parole nous a cependant démenti l’information selon laquelle Georges-François Hirsch, directeur général de la création artistique, rencontrait actuellement les acteurs du secteur pour rendre, fin juin, un rapport au ministre Frédéric Mitterrand.
Source : www.latribune.fr